Partie 1
LES RÉCITS FAMILIAUX OU COMMENT ON DEVIENT L'HISTORIEN DE LA FAMILLE
La recherche généalogique du 21ème siècle n’est plus juste une recherche généalogique
comme celle qui se faisait dans le passé. C’est une recherche généalogique moderne qui s’appuie ,certes, sur des documents d’archives du passé mais qui utilise aussi les nouvelles technologies de numérisation, de consultation et de recherche en ligne et qui peut être compilée à l’aide de programmes informatiques puissants.
C’est aussi une recherche d’un autre genre. Les gens qui prennent le temps de réaliser un arbre généalogique ne le font plus seulement pour avoir comme seul résultat un bel arbre à contempler avec des noms, des dates et des lieux.
Ils ne le font plus non plus juste pour prouver quelque-chose comme tous ceux qui devaient le faire par le passé et apporter des preuves de leur noblesse par exemple.
Ils pourraient bien sûr trouver au cours de leurs recherches quelques ancêtres nobles ou d’autres ancêtres d’un rang social élevé ou pas … et la plupart du temps ils en trouveraient en fait de toutes catégories et milieux sociaux. Mais si la recherche généalogique est si populaire de nos jours c’est aussi parce que cette dernière est reliée à d’autres champs d’exploration.
Les gens qui réalisent leur arbre généalogique ou embauchent quelqu'un pour le faire pour eux cherchent plus … et n’importe quel chemin emprunté est susceptible de leur faire faire des détours vers la recherche généalogique.
Le chemin le plus connu et célèbre d’entre eux est celui de se transformer en historien familial mais d’autres champs d’exploration liés à la généalogie existent comme les tests et correspondances ADN dans le but de retrouver des parents proches ou éloignés, le besoin d’appartenance, l’aide que la psychogénéalogie apportera pour vous faire découvrir les événements et schémas répétitifs inconscients dans votre famille ou les moyens de répondre à la curiosité des enfants qui se construisent aussi en connaissant leurs racines et l’histoire de leur famille.
Quel que soit le chemin emprunté qui vous mènera vers la recherche généalogique, ce dernier est passionnant et en vaut la peine.
Un(e) généalogiste professionnel(le) ne sera pas votre psycho généalogiste mais il / elle se chargera de glaner et vous apporter les indices, preuves et les événements plus ou moins extraordinaires ou tout à fait ordinaires de votre famille. Ce que vous en ferez ensuite, que ce soit juste pour comprendre ou pour guérir ne regarde que vous et le thérapeute qui vous aidera à identifier et à surmonter les éventuels traumatismes et à les dépasser.
Car tout ceci commence avec la curiosité pour des histoires de famille racontées ou dont on a entendu parler, des histoires cachées ou jamais dévoilées , des secrets , des tabous ...
Les récits familiaux ou comment on devient l’historien de la famille
Toutes les familles ont des histoires qui ont besoin d’être racontées et d’autres qu’elles ignorent malgré elles à cause de secrets, tabous ou de choses dérangeantes liées aux ancêtres.
Toutes les familles préfèrent ne garder et partager que les bonnes parties de cette histoire et cacher d’autres faits, consciemment ou inconsciemment comme des faits plus dérangeants ou des traumatismes.
Toutes les familles ont ces personnes qui seront complètement à fond dans ce genre de récits familiaux et d’autres indifférentes qui préféreront se couper de ses liens familiaux et vivre la vie qu’ils ont choisie.À une époque où la vie est de plus plus individualiste et où de plus en plus de gens partent vivre loin de leurs parents proches ces derniers oublient en l’espace de deux générations presque tout de leurs racines ou de leur histoire familiale.
C’est la vie moderne et nous devons tous vivre avec ça, les cellules familiales se font plus petites, souvent très tôt dissoutes, plus d’enfants sont élevés par un seul ou plus d’un parent en même temps et ces derniers sont souvent parfois éloignés géographiquement de leurs grands-parents.
Et pourtant même si les gens ne se sont jamais sentis aussi occupés ils ne se sont jamais sentis aussi seuls et déprimés. Et un jour ou l'autre quelques-unes de ces personnes viennent à la recherche généalogique par curiosité au départ et plus tard avec le besoin de comprendre plus de choses sur eux-mêmes et leur passé familial.
Nous ne gagnons rien à nous accrocher au passé.C’est souvent une fausse critique envoyée aux généalogistes de faire croire que nous vivons dans le passé, le passé n’est pour nous qu’un point d’ancrage pour mieux avancer, nous concentrer sur le moment présent et l‘apprécier... mais de ce passé nous pouvons en apprendre beaucoup … les bonnes et mauvaises choses, les moyens de nous endurcir et d’avancer par la connaissance des défis et des traumatismes inconscients et encore sous-jacents que nous ont transmis nos ancêtres.
J’avais tout juste 16 ans quand je me suis mise à parler avec mes grands-parents du passé familial.J’étais très curieuse et voulais tout savoir de leur vie, de la vie de leurs parents et de leurs grands-parents. Pendant des années je ne les avais pas vraiment connus, je vivais en France métropolitaine où j’étais née et y avais passé toute mon enfance et adolescence. Je n’étais donc pas vraiment connectée à eux, à part lors de quelques rares voyages.
Lors d’ un voyage retour vers leur île natale j’ai beaucoup échangé avec eux et leur ai posé beaucoup de questions.Ils répondaient volontiers à quelques-unes de mes questions mais pour certaines de ces questions je me heurtais à de longues pauses silencieuses et à des remarques du style “Pourquoi tu veux savoir ça ? Tu es trop curieuse.”
J’avais mis le doigt sur des secrets douloureux et dérangeants comme un père supposé “inconnu” pour lequel on avait des réticences à me donner un nom, à une fille cachée adultérine et beaucoup d’autres encore … Je ne renonçais pas toutefois et continuais à prendre des notes de tout ce qui m’était révélé. Je n’avais pas encore construit mon arbre généalogique, juste collecté quelques anecdotes et parcours de vie de mes grands parents et arrières grands parents, une sorte de première enquête familiale en somme.Quelques années plus tard, ces cahiers se sont avérés précieux et mis côte à côte des sources d’archives originales m’ont permis de reconstituer le puzzle familial.
Car c’est aussi à ce moment que j’ai commencé à découvrir d’autres faits cachés.
Et ceci devient une autre histoire qui peut se raconter, celle qui vous a été donnée par vos parents et celle que vous retrouvez dans les archives écrites se combinent et vous livrent non plus une simple “légende” familiale mais un récit plus réaliste.
Si vous endossez ce rôle d’historien familial, vous devez vous préparer à recevoir aussi bien des réactions positives que violentes de la part d’autres membres de votre famille.
Ce que vous êtes en train de remuer dans la marmite et les “fantômes” ou événements dérangeants , qu’ils aient été cachés ou inconnus de vous tous... ne plaira pas à tout le monde.
Plus les générations sont proches de vous et plus cette tâche va s’avérer pénible et douloureuse … mais des faits dérangeants et horribles d’un passé lointain peuvent aussi vous atteindre émotionnellement.N’oubliez pas ici qu’il ne s'agit pas d’un film quelconque mais que les acteurs ont appartenu à votre famille et que cela vous touche plus facilement.
En tant qu’historien familial vous devriez être capable de mettre de la distance avec tous les défauts et crimes de vos ancêtres : ces gens appartenaient à une autre époque, vivaient dans un milieu culturel différent qui n’a rien à voir avec le nôtre d'aujourd’hui.
Leur mentalité ou état d’esprit ne peut se deviner qu’à travers les actions s’ils ont laissé des indices ou les ont commenté en expliquant pourquoi … mais la plupart du temps il est inutile de les juger avec notre regard actuel sur les choses et le monde.
Imaginez un instant que vous découvriez une partie douloureuse de leur histoire comme le fait qu’ils étaient esclaves ? Vous seriez écoeurés, en colère ou tristes pour eux …
Ces choses-là sont difficiles à supporter parce que nous ne réalisons pas la chance que nous avons aujourd’hui d’être libres …Mais que se passerait-il en vous si vous découvriez que d’autres de vos ancêtres étaient d’abord esclaves, plus tard libérés et étaient à leur tour devenus propriétaires d’esclaves ? Comment réagiriez-vous à ça ? Cela se produisait parfois à l’île de La Réunion.
Des libres de couleur devenaient à leur tour propriétaires d’esclaves et les faisaient travailler. Choquant ? À nos yeux certainement mais à l’époque, avant 1848 cela était une normalité pour qui voulait s’insérer dans le tissu économique de l’île.
Vous n’avez pas besoin d’être historien pour comprendre comment vos ancêtres ont vécu à une certaine période mais nul doute que vous vous intéresserez davantage à certaines parties historiques du / des pays que vous allez rechercher, en apprendre plus et en comprendre plus ...
Car, oui l’histoire des individus est liée à celle d’endroits, de régions, de pays … et une recherche généalogique sérieuse n’est pas exhaustive si l’on ignore ce qui s’est passé à un certain moment à un certain endroit.Et bien que les chemins de vie empruntés par vos ancêtres puissent vous paraître insignifiants parce qu’ils n’étaient ni célèbres ni puissants dans leurs pays, l’histoire de leur famille a été maintes fois façonnée et influencée par l’histoire de leur pays d'origine ou d’accueil.
Les historiens familiaux sont très populaires aux Etats-Unis, au Canada et en Amérique du sud.
Ils se focalisent sur un ou plusieurs de leurs ancêtres et après des années de recherches et d’enquête veulent souvent rendre cette histoire publique. Certains organisent des conférences, des réunions familiales ou publient des ouvrages. Que leurs ancêtres se soient révélés être des sortes de héros ou des victimes il y a toujours pleins de choses passionnantes à découvrir, raconter et transmettre aux générations futures.
En Europe, cette mode de raconter son histoire familiale était d’abord réservée aux familles des classes sociales aisées. De nos jours cela devient de plus en plus populaire dans tous les milieux sociaux surtout avec les réunions de famille ou cousinades rassemblant des centaines d’individus.
Un historien familial réalise un immense arbre généalogique ascendant et descendant qui est ensuite déployé sur plusieurs murs. Si vous êtes un descendant de cette famille invité à cette réunion de famille (souvent appelée cousinade) vous n’avez plus qu’à retrouver votre case avec votre nom et vos dates et à poser ensuite pour la photo qui viendra immortaliser l’instant.
Êtes-vous ou serez-vous donc le futur historien de votre famille, de votre village ou de votre ville ?
Ou bien préférez-vous plutôt court-circuiter tout ce travail de recherche documentaire et opter pour un moyen plus rapide comme les tests ADN et leurs correspondances associées pour trouver des parents proches ou éloignés ?
C’est ce dont il va être question dans la partie 2.
Je vous parlerai des tests ADN pratiqués dans certains pays et la façon dont on peut utiliser ces derniers pour retrouver des parents proches ou éloignés ou les combiner avec une recherche généalogique classique.
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